[Chiara Cappelli]
A tutti i ragazzi, lo zaino in spalla / Nella foschia di una mattina d’aprile / Vorrei fare un monumento / A tutti i ragazzi / Che piansero, lo zaino in spalla, / Gli occhi bassi sulle loro angosce / Vorrei fare un monumento / Non di pietra, né di cemento / O di bronzo che si fa verde / Sotto l’acuto morso del tempo / Un monumento della loro sofferenza / Un monumento del loro terrore / E anche del loro stupore…
Boris Vian, À tous les enfants
A tous les enfants qui sont partis le sac à dos Par un brumeux matin d'avril Je voudrais faire un monument A tous les enfants
Qui ont pleuré le sac au dos Les yeux baissés sur leurs chagrins Je voudrais faire un monument Pas de pierre, pas de béton
Ni de bronze qui devient vert
Sous la morsure aiguë du temps Un monument de leur souffrance Un monument de leur terreur Aussi de leur étonnement Voilà le monde parfumé,
Plein de rires, plein d'oiseaux bleus
Soudain griffé d'un coup de feu Un monde neuf où sur un corps
qui va tomber
Grandit une tache de sang Mais à tous ceux qui sont restés
Les pieds au chaud, sous leur bureau
En calculant le rendement
De la guerre qu'ils ont voulue A tous les gras tous les cocus
Qui ventripotent dans la vie
Et comptent et comptent leurs écus A tous ceux-là je dresserai
Le monument qui leur convient
Avec la schlague, avec le fouet
Avec mes pieds avec mes poings Avec des mots qui colleront
Sur leurs faux-plis
sur leurs bajoues
Des larmes de honte et de boue.